LES REGLES, ENCORE UN TABOU ?

LES REGLES, ENCORE UN TABOU ?

« Règles », ce mot si tabou

Entre le liquide bleu des publicités et les expressions parfois capillotractées, les règles sont décidément bien dissimulées dans notre société. Difficile d’évoquer directement ce sujet sans faire bondir les oreilles fragiles ! Alors, pourquoi ce tabou autour des règles ? Petit tour d’horizon sur le sujet des menstruations mais aussi la précarité menstruelle, un problème notable en France et dans le monde.

Petit rappel : définition du terme « règles »

Dans le dictionnaire, la définition des règles est claire : il s’agit d’un écoulement sanguin dû à l’élimination spontanée de la muqueuse utérine. Une description qui semble peu appropriée lors d’un repas familial ou entre deux portes au bureau !

Pour davantage de précisions, les règles sont le résultat d’un processus bien orchestré. La couche interne de l'utérus s'épaissit (et contient un grand nombre de vaisseaux sanguins) pour accueillir une éventuelle grossesse. Toutefois, si la grossesse n’a pas lieu, cette couche désormais épaisse s'évacue avec des saignements. Le cycle dure généralement entre 25 et 32 jours, selon les femmes et certaines étapes / circonstances de la vie.

Les règles n’ont pas vraiment une belle image : perçue comme une corvée ou un mauvais passage du mois, elles ne sont pas toujours les bienvenues. Et pour couronner le tout, le tabou autour des règles persiste, même en 2021.

Petit rappel : définition du terme « règles »

« Règles », un mot bien trop sensible ?

Peut-être.

Qui, aujourd’hui, prononce spontanément ce terme ?

Pas grand-monde.

Surtout en présence d’un homme, qui peut ressentir une certaine gêne ou de l’embarras – quitte à devenir tout rouge. Alors, de nombreuses expressions fleurissent pour évoquer les menstruations, comme les suivantes :

  • Les Anglais ont débarqué ;
  • Avoir ses ragnagnas / trucs / coquelicots / ourses / lunes / affaires / mickeys ;
  • Les chutes du Niagara ;
  • Alerte rouge ;
  • Être indisposée ;
  • Ecraser ses tomates ;
  • Repeindre sa grille au minium ;
  • Être en travaux ;
  • La semaine Ketchup.

Lorsqu’il s’agit de noyer le poisson, les expressions s’enchaînent et perdurent malgré l’évolution de la société. Sans parler de la gêne quotidienne liée aux protections hygiéniques ! Ces dernières encaissent également leur lot de métaphores et d’expressions : couche, serviette, balançoire à Mickey, se bourrer la dinde…

Certes, un florilège de tournures drôles voire improbables (et parfois, négatives) qui prêtent à sourire. Mais elles masquent une bien triste réalité : celle d’une société encore honteuse des règles. Cacher ses protections périodiques au fond du sac, manipuler discrètement les emballages aux toilettes, sentir une gêne si un tampon apparaît aux yeux des autres (oups !)… Que de « règles » à respecter pour un phénomène si naturel !

Pourtant, la France ne figure pas parmi les plus mauvais élèves concernant l’éducation menstruelle. D’autres pays prouvent – malheureusement – que les règles restent un véritable sujet tabou dans le monde. 

Le tabou des règles dans le monde : tour d’horizon des pays

Les expressions et métaphores des règles connaissent également un franc succès dans les autres pays du monde. Ainsi, pas de jaloux : les menstruations n’ont pas de frontières et les jeux de mots non plus. Présentation des pires tournures selon les pays !

  •  Danemark : Faire bouillir les fraises / Avoir la frustration masculine.
  • Allemagne : La semaine de la fraise.
  • Angleterre : Être sur le chiffon.
  • Afrique du Sud : Grand-mère est coincée dans les bouchons.
  • Kazakhstan, Russie : Armée rouge.
  • Etats-Unis : Tomber du toit.
  • Pays-Bas : Le moment des torpilles.
  • Italie : Avoir ses choses.
  • Espagne : Décongeler le steak.
  • Portugal : Trucs de femme.

Mais ces expressions ne sont qu’une goutte d’eau dans un océan de clichés. Le tabou autour des règles existe davantage dans certains pays du monde. Pire, il mène à des situations parfois dangereuses pour la santé (et le moral) des femmes !

En Inde, les femmes ne cuisinent pas pendant leurs menstruations – d’ailleurs, interdit de rentrer dans la cuisine.

Au Japon, une femme ne peut pas devenir maître sushi en raison d’un « déséquilibre des goûts » survenant au moment des règles, dixit la coutume.

Au Népal, l’exil menstruel consiste à bannir les femmes du foyer durant leur période menstruelle (pratique pourtant interdite depuis 2005).

En Bolivie, le sang des règles serait vecteur de maladies graves.

En Afghanistan, se laver pendant la période des règles rendrait stérile.

Sans oublier un détail : dans certains pays comme l’Inde, le Niger ou le Burkina Faso, un grand nombre de jeunes filles manquent l’école pendant la période des règles. Un problème quelque part ?

Le problème : la précarité menstruelle

Accès limité – voire nul ! – aux protections périodiques, manque d’information, clichés qui perdurent… Les règles, sujet tabou dans le monde ? Oui, c’est une réalité. Même en 2021 !

La précarité menstruelle se définit comme l’inégalité des femmes dans l’accès aux protections périodiques. Un problème déjà soulevé en France dans le rapport du 11 février 2020 sur les règles, encore l’objet d’un tabou dans notre société. En effet, en 2020, environ 1,7 million de femmes sont victimes de précarité menstruelle dans notre pays. Sans domicile fixe, étudiantes pauvres, travailleuses aux revenus très modestes… Dépenser de l’argent pour des protections hygiéniques devient parfois un véritable fardeau, empiétant le budget déjà restreint du mois.

3800 euros, c’est la somme totale dépensée en hygiène menstruelle par une femme dans sa vie (étude réalisée par Le Monde en 2019). Pas seulement pour les protections périodiques mais également pour les rendez-vous gynécologiques et les médicaments anti-douleur. Un sacré budget à ne pas négliger – et un réel facteur d’inégalité homme/femme !

Et le tabou des règles dans le monde n’aide pas dans les autres pays. 500 millions, c’est le nombre de femmes touchées par la précarité menstruelle. Un chiffre qui fait sacrément tourner la tête… au sens propre comme au sens figuré – puisqu’il est parfois mieux de l’ignorer.

La précarité menstruelle, mêlée au tabou des règles, entraîne des risques pour la santé. Entre irritations ou infections plus graves, il est temps de changer les choses – et vite !


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